La « foire aux célibataires » ne craint pas la concurrence
La « foire aux célibataires » ne craint pas la concurrence
« L'amour est dans le pré »
LA SOLITUDE des agriculteurs ? Josette Fages en connaît un rayon. Voilà vingt ans que cette sémillantequinquagénaire préside l'association Cupidon, qui organise chaque année, pendant le week-end
Par Carine Didier
LASOLITUDE des agriculteurs ? Josette Fages en connaît un rayon. Voilà vingt ans que cette sémillante
quinquagénaire préside l'association Cupidon, qui organise chaque année, pendant le week-end
de Pâques, la « foire aux célibataires » de La Canourgue, petit village de Lozère. « A l'origine,
en 1982, cette foire a été imaginée par le comité des fêtes pour faire sortir les gens de chez
eux et notamment les paysans, raconte-t-elle. C'était un simple bal. Depuis, nous l'avons améliorée
pour en faire une grande fête avec diverses animations ouvertes à toutes les personnes seules,
issues de tous les milieux et qui viennent de partout en France. »
Parmi les
1 500 à 2 000 convives présents, Josette a souvent croisé Francis, l'éleveur de brebis lozérien
en quête de l'âme soeur repéré dans « L'amour est dans le pré », le feuilleton matrimonial deM 6 (ce soir, 20 h 50).
« Tous les moyens sont bons »
« Il vient tous les ans avec ses copains pour s'amuser, dit-elle. Qu'il participe
à ce programme ne m'a pas étonnée. La quarantaine passée, beaucoup d'agriculteurs n'osent pas
parler de leur célibat, car ils en ont honte. Francis, lui, appartient à la nouvelle génération
: il est dynamique, ouvert et bon vivant. »
Que la télévision joue les entremetteuses
pour « repeupler la France rurale », quitte à concurrencer « la foire aux célibataires », ne
dérange pas Josette Fages.
« C'est une bonne initiative. Pour rendre heureux
les gens qui souffrent de solitude, tous les moyens sont bons, assure cette femme divorcée,
par ailleurs agent d'assurance. Et puis, trop d'agriculteurs sont seuls en raison d'une méconnaissance
du monde paysan. Dans certains esprits, ils restent des bouseux. Pourtant, ils n'habitent plus
avec leurs parents, sont équipés de matériel high-tech, vivent avec leur temps et gèrent leurs
horaires comme tout le monde. »
A regarder l'émission, pourtant, la présidente met un bémol.
« Passer huit jours avec une personne ne me paraît pas très réaliste pour se faire une idée.
Avec deux candidates, c'est encore plus difficile, tant pour les jeunes femmes que pour l'homme
partagé entre elles. On a créé une situation de départ et tout cela semble scénarisé. A la foire,
au moins, les rencontres sont uniquement liées au hasard. Nous ne sommes pas une agence matrimoniale,
mais cette année nous avons reçu six couples qui ont fait connaissance lors de notre fête et
se sont mariés depuis ! »